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Version du 17 août 2010 à 12:15
[Extrait de "La Repubblica du 29 Mars 2007" - ceci est une assez mauvaise traduction donnée à titre informel]
Les dossiers secrets d'Hitler réhabilite Pie XII (dossier segreti di Hitler che riabilitano Pio XII)
Par Marco Ansaldo pour "la Repubblica du 29 mars 2007"
"Le pape, et ceci est confirmé par tous les autres rapports, a une attitude de sympathie envers le peuple allemand. Ce qu'on ne peut dire envers le régime [Nazi]." "Pie XII aide la Pologne envahie." "Pacelli cache les Juifs en fuite." "Le pontife attend un changement de situation en Allemagne au mieux après la mort du Führer."
Le pape Pie XII ne figure donc pas dans la liste des amis de Hitler. Dans les plus hautes sphères du régime nazi, on le considère avec méfiance et même inquiétude. On retrouve cette attitude au plus haut niveau de la hiérarchie du Troisième Reich dans les rapports secrets, les lettres des généraux de la SS, et dans les dépêches et les télégrammes envoyés à Berlin par l'ambassade d'Allemagne auprès du Saint-Siège (l'ambassade noire selon l'expression consacrée à l'époque nazie) et de la Curie (l'ambassade blanche).
Ces documents aboutirent ensuite dans les bureaux d'Erich Mielke et Markus Wolf, les chefs de la Stasi - les services secrets de l'ex-Allemagne de l'Est - prêts à être utilisés dans de possibles opérations contre le Vatican. Ces papiers restèrent cependant enfouis dans les archives pendant des décennies. Un véritable dossier sur Pie XII, désormais parvenu entre les mains de "La Reppublica". Le matériel montre qu'au final les chemises brunes de l'Allemagne nazis, autant que les «rouges» de l'Allemagne communiste, avaient pour objectif commun d'obtenir un maximum d'informations sur le Saint-Siège, considéré par ces deux régimes comme tout sauf d'un gouvernement amical [envers eux].
A la lecture des journaux des dirigeants nazis, les pièces du Vatican fourmillent d'espions en soutane. "Le religieux allemand Dr. Birkner - ainsi qu'il est écrit dans un rapport d'un agent de Rome - employé au service des archives du Vatican, s'avéra source d'information précieuse et capitale. Le Père Leiber (Robert Leiber, secrétaire privé du pape Pie XII, NDR) s'est ainsi ouvert à cet informateur, en disant que la plus grande espérance de l'Eglise était que le système national-socialiste fût détruit dans un avenir proche par une guerre. "
Et ce fut justement la diplomatie du Vatican dirigée par Pie XII contre Hitler, laquelle s'exprima de façon subtile et non à haute voix, qui fut par conséquent étroitement surveillée par les nazis, et source d'inquiétude pour leurs leaders. Ceux-ci montèrent un réseau capable d'intercepter une lettre du secrétaire d'État, le cardinal Luigi Maglione, indiquant que, sous la cité du Vatican, en prévision d'une attaque, "le pape se fit construisir un abri anti-aérien avec un accès par ascenseur."
Mais ce qui préoccupa surtout les Nazis fut l'action d'Eugenio Pacelli en faveur de la Pologne occupée, comme en témoignent plusieurs dépêches. Le rapport du chef de la police de Berlin est un cri d'alarme lancé au ministre des Affaires étrangères, Joachim von Ribbentrop. "Par des voies confidentielles - ainsi qu'il est écrit dans un document - il a été possible d'obtenir des lettres de Pie XII et du secrétaire d'État Maglione à l'archevêque de Cracovie, Adam Sapicka. D'après les deux lettres dont je joins une copie, l'attitude pro-polonais du pape et de son secrétaire d'État est flagrante: Le Saint-Siège ne se contente pas d'aider les réfugiés polonais dans différents pays, mais aussi ceux qui sont restés dans leur patrie».
Protection que le Troisième Reich accuse Pacelli d'accorder également aux Juifs. "Le Vatican - Selon une autre note dactylographiée - soutient de toutes les manières possibles les émigrés juifs baptisés dans leur tentative de fuite à l'étranger. Le Vatican soutient également financièrement ces personnes. "
A la lecture de ces documents, la figure de Pie XII semble ressortir de façon nettement différente de celle donnée habituellement. L'image est ici non celle d'un pape complaisant, mais d'un adversaire habile et redouté, à l'opposé du portrait d'un Pacelli timide et indécis qui nous est parvenu jusqu'à aujourd'hui.
Comment cela fut-il possible? "Une campagne anti-pacelli débuta dès la dernière année de la guerre en 1945 - explique le père Giovanni Sale, historien au journal "Civilità cattolica", auteur du livre "Hitler, le Saint-Siège et les Juifs", et l'un des spécialistes le plus autorisé sur la question des relations entre l'Eglise et le nazisme. Dans un article récent, j'ai apporté la preuve que des enregistrements effectuées par Radio Moscou et des écrits du journal la Pravda servirent à influencer l'opinion publique, et à créer la légende dite "noire" sur Pie XII. Jusqu'à la publication du livre "Les Papes contre les Juifs» de David Kertzer, toute une génération a été influencée par cette propagande. Ce n'est que récemment que les critiques se sont modérées, après la publication de documents du Foreign Office britannique et de la CIA battant en brèches l'ignominie des affirmations contenues dans un autre livre, "le pape d'Hitler" de John Cornwell (le frère de John Le Carré ndlr). Les informations contenues dans ces documents inédits qui ont émergé en Allemagne confirment les documents du Vatican. Je l'écris depuis dix ans: l'Eglise a combattu les nazis par tous les moyens possibles."
«Pie XII en réalité n'était pas un ami, mais un farouche adversaire de Hitler - affirme Werner Kaltefleiter journaliste au Vatican pour la chaîne de télévision allemande ZDF, grand connaisseur de la Curie, et auteur l'an dernier (avec Hanspeter Oschwald) du livre"Spione im Vatikan" [Espionnage au Vatican] et qui a récemment publié sur www.kath.de une étude rigoureuse de la correspondance concernant Pacelli : "ce pape n'a jamais collaboré avec les Nazis, comme certains voulaient le faire accroire après la guerre. Non, il fut au contraire l'ennemi numéro un du Führer."
L'année prochaine sera célébrée le cinquantième anniversaire de la mort de Pacelli. Et le processus de béatification, jugée différemment par les partisans et les détracteurs, est maintenant dans une phase décisive. Des révélations récentes semblent avoir eu pour effet de réajuster certaines critiques sur la figure complexe de Pie XII. Fin Janvier dernier, l'ex- général roumain du renseignement Ion Mihai Pacepa a admis dans le magazine New-Yorkais National Review, qu'il avait manipulé pendant des années, à la demande du KGB, l'image de Pacelli à destination de l'opinion publique internationale. La campagne de désinformation, au nom de code "Situation 12", a été approuvé par Nikita Khrouchtchev dans l'intention de discréditer moralement le pape, en le faisant apparaître comme un sympathisant nazi et un témoin insensible et silencieux de l'Holocauste.
Le point culminant de la propagande a été, selon Pacepa, en 1963, la représentation de la célèbre pièce "Le Vicaire" écrit par le dramaturge allemand Rolf Hochhuth, qui a ruiné l'image de Pacelli, et dont le réalisateur Costa-Gavras s'inspira en 2002 pour son film «Amen». Le texte serait, cependant, fondé sur des documents que s'étaient procurés des religieux roumains ayant eu accès aux archives secrètes du Vatican, et falsifiés par les Soviétiques. Hochhuth a démenti ces accusations, qu'il qualifie de calomnie. Mais à présent la donne sur Pie XII a changé.